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Ils viennent de Somalie, du Mali, de Côte d’Ivoire, d’Algérie, de Turquie, d’Iran ou d’Albanie. Ils ont fui la guerre, la dictature religieuse, le crime organisé ou des coutumes patriarcales qui soumettent femmes et petites filles aux pires vexations. Ils ont tout laissé derrière eux, leurs enfants parfois, et entrepris un voyage qui aurait pu leur coûter la vie pour trouver refuge en France, où ils demandent l’asile. En attendant que leur sort ne soit scellé par les services français de l’immigration, une cinquantaine de personnes sont hébergées dans le Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) de Lagrasse, en Occitanie.

En août 2022, treize familles vivaient dans le Cada, une bâtisse bourgeoise du XVIIIe siècle divisée en appartements au confort minimaliste. Si les enfants ont transformé les lieux en terrain de jeux, les parents - une majorité de femmes seules - vivent dans l’ennui et la lenteur du quotidien. Ni chez eux, ni encore arrivés, ils sont dans l'impossibilité de se projeter, leur avenir étant suspendu à une décision administrative qui peut mettre plusieurs mois, voire années à arriver. « On ne sait pas quand on arrive, on ne sait pas quand on repart », résume Ahmed, 15 ans.

 

Au plein coeur de Lagrasse, le Cada est un petit bout d’ailleurs. Un refuge temporaire. Un territoire où le temps se dilate et l’espace se rétracte. Une tour de Babel où chacun tait son drame mais où tous partagent une même attente ambigüe, teintée de crainte et d’espoir.

Sarah Leduc Migrations Europe France Afrique Exil Photojournalisme
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